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Une petite fille du Kosovo et un militaire français se retrouvent après les recherches de 20 ans

Accompagné du mari de Milica, il est parti à Kraljevo depuis l’aéroport de Belgrade. À Kraljevo, on l’a accueilli avec les plats qu’il adorait quand il était installé au Kosovo et Métochie : sarma, burek, pita au fromage, rôti du porc, pain fait maison et café turc.

Au mois de mars 2020, il est venu en Serbie depuis la France pour revoir après 20 ans Milica Đorđević Bojković, autrefois petite fille, maintenant économiste et mère de deux filles.

Pendant les années 2000 et 2001, Jean-Stéphane Decoudier a été militaire en mission au Kosovo et Métochie. La base française était, d’abord, installée à Banjska pour être plus tard déplacée à Novo Selo.

Les militaires y ont été installés pour cause des interventions entre les communautés à Kosovska Mitrovica, y inclus la protection du pont Austerlitz, qui a été détruit au cours de cette période.

Jean-Stéphane faisait la protection de convois qui transportaient les Serbes du village de Gojbulja à Mitrovica pour la journée faire leurs provisions.

La première rencontre avec Milica était lors d’une protection de convois jusqu’à Mitrovica, elle avait accompagné sa maman jusqu’au camion avec un air inquiet, Jean lui avait juste fait un petit sourire pour la rassurer.

« À la suite, Milica, lorsqu’elle entendait les véhicules militaires patrouiller, venait voir si j’étais présent et j’avais droit à un petit sourire timide. Jusqu’à ce qu’un jour lors d’une patrouille je l’ai rencontrée en train de cueillir des fraises, qu’elle adore. Elle est venue m’en offrir une et ensuite à chaque rencontre j’avais droit à un petit signe de la main », se souvient Jean-Stéphane.

Milica ajoute qu’elle avait huit ans à l’époque et qu’elle se souvient d’un militaire français qui l’aimait comme sa propre fille. Une fois, Jean-Stéphane lui a dit qu’il aimerait avoir une fille et qu’elle porterait son prénom – Milica.

« Les Français étaient venus protéger les Serbes des attaques fréquentes de la part des Albanais. Une fois, le bus scolaire a été lapidé, et les Français nous ont sauvés. Jean et moi, nous nous rencontrions souvent, parfois dans la rue, parfois à l’école. Il venait même dîner chez nous. Il adorait le pain fait maison que ma maman préparait », a dit Milica.

Pour la fin de leur mission avant de rentrer en France les Français ont fait une cérémonie militaire sur la place de l’école et c’est à cette occasion que Jean a offert la poupée Barbie à Milica.

« J’ai gardé la poupée Barbie jusqu’à il y a 6 ans. Jean était toujours aimable envers moi et je n’avais vraiment peur de rien quand les Français nous protégeaient. Ils patrouillaient chaque soir dans le village pour vérifier si tout allait bien. L’année dernière, Jean a envoyé les cadeaux à mes enfants par la poste : une poupée Barbie et le matériel scolaire pour ma fille aînée, et un ours en peluche pour la cadette », a dit Milica.

Milica se souvient que, lors du pogrom contre les Serbes au mois de mars 2004, quand le village de Gojbulja a été agressé par les Albanais, elle a passé un certain temps dans l’immeuble où la base de Jean-Stéphane avait été installée. Elle pensait souvent au militaire français qui protégeait son village et sa famille, mais elle ne savait pas comment le retrouver.

Jusqu’à l’année 2017 quand Jean-Stéphane entreprend sa quête.

– J’ai toujours gardé le souvenir de Milica et des fois je m’inquiétais pour elle quand j’entendais des informations sur le Kosovo. Un jour, c’était en 2017, sur Facebook j’ai écrit le nom de Gojbulja et j’ai pris contact avec une personne de l’église. Je lui ai demandé si elle connaissait une petite fille de 8 ans en 2000 qui s’appelle Milica et elle m’a dit qu’elle la connaissait, puis elle nous a remis en contact, a-t-il dit.

Les émotions ont commencé à ressurgir. À l’aide de Google, Milica écrivait en serbe sur ce qui se passait dans sa vie, Jean traduisait et répondait en français.

Ils communiquaient plus souvent grâce à Sanja Agatonović de Bordeaux qui travaille dans une organisation non gouvernementale, et ils se sont mis d’accord de se revoir en Serbie 20 après le dernier rencontre.

Jean-Stéphane est venu en Serbie avec son fils de 13 ans, Théo, pour lui montrer un autre mode de vie que celui mené en France.

La famille de Milica les a accueillis à Kraljevo où elle habite aujourd’hui. Pendant une semaine, ils ont fait le tour du Kosovo et Métochie et ils sont revenus à l’endroit où ils avaient fait connaissance.

« Je l’ai emmené à Gojbolja, à Kosovska Mitrovica, à Gazimestan, à Priština, à Gračanica. Il veut tout voir. Il a visité l’ancienne base de Novo Selo, il a pris beaucoup de photos, je lui ai montré l’école. Aujourd’hui à Gojbolja, il y a une vingtaine de maisons serbes dont celle de ma mère, le reste sont les Albanais », a rajouté Milica.

« Je l’ai reconnu tout de suite, il n’a pas du tout changé même s’il a 50 ans. Son sourire reste son trait distinctif. Il souriait toujours et diffusait une énergie positive. De toutes mes copines de classe, j’étais la seule à avoir « mon militaire ». Ils nous inspiraient confiance », a dit Milica.

Aujourd’hui Jean-Stéphane vit proche de Bordeaux dans un petit village Arsac où il travaille maintenant pour faire du vins.

Il est rentré de Serbie en France rempli d’impressions, heureux de voir rencontres entre un militaire français et une fille de Kosovo et Métochie commencer à faire part d’une amitié franco-serbe, qui est à la fois nouvelle et de longue durée.

Texte: Nenad Blagojević www.bienvenueenserbie.rs (diffusion autorisée à condition de partager le lien vers le site www.bienvenueenserbie.rs); Traduit du serbe par Dušica Terzić;

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