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Un café avec l’Ambassadeur de France: La Serbie est une destination touristique qui attire de plus en plus de Français

Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de la République Française, M. Frédéric Mondoloni a accueilli dans sa résidence, Rue Pariska à Belgrade, l’éditeur-en-chef et le directeur du site Priče sa dušom Nenad Blagojevic et les photographes du média Priče sa dušom.

Accompagnés d’un café et une conversation agréable sur le tourisme, l’économie et notre histoire commune, nous avons passé un bon moment avec M. l’Ambassadeur dans une des plus belles ambassades de Belgrade, avons découvert ce merveille de l’époque de l’art déco et avons profité de la vue unique donnant sur Kalemegdan.

Bonjour Monsieur l’Ambassadeur. Quelles sont vos impressions un an et demi après votre arrivée en Serbie? Avez-vous réussi à découvrir l’histoire, la gastronomie, le peuple et, en général, les Balkans ?

Comme vous le savez, je suis arrivé début décembre 2017 et j’ai donc eu un peu plus de 16 mois pour découvrir le pays et sa culture. J’en retire une impression positive, car l’art de vivre serbe présente plusieurs similitudes avec ce que nous connaissons en France : nos deux pays aiment les vins et les fromages, et la population apprécie tout autant qu’en France de partager un bon repas dans un cadre familial ou avec des amis.

Concernant la population serbe, précisément, je souhaite souligner la qualité de son accueil et la sympathie dont elle témoigne régulièrement. Je saisie l’occasion de cette interview pour remercier les personnes que j’ai rencontré depuis mon arrivée et qui m’ont donné une image flatteuse de la Serbie.

Enfin, 2018 a été marquée par le centenaire de la fin de la Première guerre mondiale. 2019 est marquée par les 180 ans du rétablissement de nos relations diplomatiques. Ces deux années sont donc riches en occasion pour moi de découvrir l’histoire de la Serbie mais aussi notre histoire partagée – avec sa richesse et ses moments de gloire, mais aussi – j’en suis bien conscient – ses périodes d’incompréhension. L’objectif de la France, et le miens, reste cependant de nous efforcer à travailler à construire ensemble un avenir positif pour nos deux pays.

L’année dernière a été marquée par plusieurs évènements importants reliant la France et la Serbie : Vinci Airports est devenu concessionnaire de l’aéroport de Belgrade ; le nombre de touristes français en Serbie ne cesse d’augmenter. L’année en cours étant le 180ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Serbie.Selon vous, quel est le facteur primordial qui relie les deux pays et les deux peuples ?

Ceci est tout à fait vrai. Le nombre de visiteurs français en Serbie est passé de 13 000 en 2006 à 34 000 en 2018. Ceci illustre l’attrait croissant de la Serbie comme destination touristique pour les Français. La concession de l’aéroport de Belgrade à Vinci Airports pourra contribuer à mieux faire connaitre cette destination en France et, ainsi, à renforcer une dynamique qui existe par ailleurs. En effet, je pense que les Français s’intéressent de plus en plus aux Balkans et voient dans la Serbie un pays proposant des possibilités de séjour diversifiées – avec le patrimoine historique, la nature et la randonnée, la gastronomie et les vins etc.

Plus généralement, j’explique ce lien entre France et Serbie par le souvenir de nos combats communs sur le Front d’Orient en 1914-1918, par le fait que la population serbe apprécie la culture française mais aussi par le fait que de plus en plus de citoyens français font précisément la démarche d’essayer de mieux connaitre la Serbie. Par ailleurs, vous l’avez rappelé, 2019 marque le 180ème anniversaire du rétablissement de nos relations diplomatiques : je dis bien « rétablissement », car la France des Capétiens et la Serbie des Nemanjic avaient déjà de telles relations aux 13ème et 14ème siècles. Cet anniversaire doit être mis en valeur cette année car il permet de mettre en évidence le fait que notre relation est ancienne et très riche : elle constitue un socle inestimable sur lequel bâtir un avenir commun que nous souhaitons positif pour la Serbie comme pour la France.

Dans quelle mesure la coopération économique entre la France est la Serbie est-elle renforcée ? Y-a-t-il un nombre croissant d’entreprises françaises dans le marché en Serbie ?

La France est aujourd’hui le 7ème investisseur en Serbie et son 9ème partenaire commercial. La relation commerciale entre les deux pays a atteint un milliard d’euros en 2018 et continue de croitre. Aujourd’hui, une centaine d’entreprises françaises est active en Serbie, où elles embauchent environ 11 000 personnes. Cette relation est clairement dans une dynamique ascendante et j’ai pu constater depuis mon arrivée que cette présence se renforce – je citerai la concession de l’aéroport Nikola Tesla que nous avons déjà mentionnée mais aussi la concession de la décharge de Vinca remportée par Suez-Itochu fin 2017 ou encore l’usine de pneumatiques Michelin-Tigar de Pirot – qui est un des plus gros employeurs et exportateurs de Serbie.

Cette année, on marque l’anniversaire de l’assassinat du roi de Yougoslavie, Alexandre I Karađorđević, et du ministre français Louis Barthou à Marseille, dont le buste se trouve dans le jardin de l’Ambassade. Notre portail web a publié un texte sur le sujet, ainsi que sur la gentillesse des Corses qui ont accueilli des réfugiés serbes durant la Grande guerre. La Serbie et la France ont participé toutes les deux à un grand nombre d’évènements historiques et partagent de nombreuses personnes célèbres. Il semble que cela fait des décennies que l’on ignore notre histoire commune. Que peut-on faire pour rappeler les nouvelles générations tout cela et mettre en valeur les liens historiques et culturels, ainsi que l’amitié des deux pays ?

Vous avez raison de le souligner, et comme je le soulignais déjà, la France et la Serbie possèdent une histoire conjointe très riche et ancienne, puisque l’un des premiers liens entre nos deux pays remonte à 1245 avec le mariage d’Hélène d’Anjou et d’Uros Ier. Nous avons eu l’occasion, en 2018, année du centenaire de la fin de la Grande guerre, d’organiser de multiples évènements de communication sur cette histoire partagée, afin de la rappeler tant en Serbie qu’en France – je souligne à cet égard que l’exposition que nous avions préparée sur les souvenirs de familles serbes sur la Grande guerre a été présentée à l’Ecole militaire spéciale de Saint-Cyr, avec un réel succès. Plus généralement, il est important que les diplomates, les instituts culturels, les journalistes et les systèmes éducatifs s’emparent de ces moments partagés de notre histoire pour les transmettre aux jeunes générations.

Des liens peuvent même être faits entre les époques pour mieux mettre en relief les évènements : par exemple, savez-vous que 610 ans avant nos combats conjoints de 1918 sur le Front d’Orient, en 1308, des Français et Serbes combattaient déjà ensemble dans la sud des Balkans ? Il s’agissait alors de troupes du prince Charles de Valois et du roi Uros II – à ma connaissance le tout premier combat livré en commun par des soldats serbes et français.

Avez-vous eu l’occasion de traverser la Serbie ? À votre avis, du point de vue d’un étranger qui habite dans les Balkans, où se cache le potentiel touristique de la Serbie ? Qu’est-ce qui vous a plu le plus ?

J’ai eu effectivement l’occasion de me déplacer plusieurs fois en Serbie et je pense qu’un réel potentiel touristique y existe. Je commencerai par citer le riche patrimoine historique et culturel serbe. Belgrade et Novi Sad présentent des sites bien connus qui attirent déjà de nombreux visiteurs – Kalemegdan, la cathédrale Saint-Sava, la cathédrale Saint-Marc, la forteresse de Petrovaradin etc. Mais j’ajouterai à cela les nombreux monastères de première importance : par exemple, dans les montagnes de Golija, les monastères de Studenica et Zica ou le Vieux Cloître Saint-Sava. S’y ajoutent les ruines romaines de Felix Romuliana, byzantines de Justiniana Prima, médiévales avec les forteresses de Nis, Smederevo, Golubac ou Maglic ; ainsi que le patrimoine des 18ème et 19ème siècles comme la nécropole royale de Topola ou le vieux village de Sirogojno.

Concernant le tourisme « vert », la Serbie possède un patrimoine naturel de premier ordre. Le randonneur appréciera les montagnes de la Stara Planin, de la Suva Planina, de Tara, les Monts Golija ou encore les montagnes moins connues de Dukat, à l’extrémité sud du pays. En outre, plusieurs sites naturels méritent d’être découverts, comme par exemple les méandres de l’Uvac, Djavola Varos, la réserve de Deliblato encore le Vrazji Kamen – près de Trgoviste, dans le sud de la Serbie. Les amateurs de ski pourront en outre apprécier les stations de Kopaonik, Zlatibor, Babin Zub, Nova Varos etc.

Pour la gastronomie et les vins, je citerai par exemple la ville et la région de Leskovac, la Fruska Gora ou encore la région de Negotin. Je pourrais aussi citer la région de Sjenica ou de Pirot pour le fromage, mais aussi la région de Zlatibor pour les charcuteries. Cette petite liste n’est pas exhaustive, car bien d’autres régions proposent également des produits de très bonne qualité.

Enfin, ce tourisme peut être complété par celui des spas et des stations thermales, pour lesquels la Serbie possède là encore de vrais atouts – je citerai par exemple les villes de Vrnjacka Banja ou Sokobanja.

La Serbie possède un vrai potentiel touristique qui mérite vraiment d’être développé.

Il semble qu’il n’a jamais été aussi facile de faire le trajet Serbie-France. Air France a introduit de nouveaux vols Paris-Belgrade et, à partir du juin, il y aura un vol direct vers Lyon (Wizz Air). Ces informations vous rendent-elles content ?

Bien sûr. Cela va dans le sens de ce que je vous affirmais : les Français, qu’ils soient entrepreneurs ou touristes, nourrissent un intérêt croissant pour la Serbie. Ce nouveau vol Air France va densifier les liaisons entre nos deux pays et permettre des visites plus nombreuses et régulières de touristes et d’investisseurs. En cela, c’est une excellente nouvelle pour notre relation bilatérale.

Étant l’ambassadeur d’un pays d’une telle importance, avez-vous du temps libre ?

Le travail ne manque pas, comme vous pouvez l’imaginer ! La richesse de l’actualité quotidienne, la complexité de nombreux dossiers et – surtout – la diversité des aspects sur lesquels la France s’investit en Serbie laissent effectivement peu de temps réellement libre.

On dit que depuis le dernier étage de votre résidence, on peut découvrir une vue exceptionnelle de Kalemegdan. Peut-on voir le Monument de la reconnaissance à la France ? Quand sera-t-il rouvert?

La vue depuis le dernier étage de l’ambassade est effectivement très appréciable : on y a une excellente vue sur Kalemegdan mais aussi jusqu’à Zemun. Le Monument de reconnaissance à la France est en partie caché par la végétation du parc mais est naturellement visible aussi. Nous comptons l’inaugurer formellement lors de la visite du Président de la République en juillet de cette année.

Croyez-vous que c’est un privilège d’habiter et travailler dans l’un des plus beaux bâtiments de Belgrade, l’Ambassade de France, une merveille de l’Art déco dans les Balkans ?

Oui, absolument. Il s’agit certainement d’une des plus belles ambassades à Belgrade et probablement aussi l’un des bâtiments publics les mieux situés de la capitale. Je mesure parfaitement ma chance d’y travailler et d’y résider, surtout dans la mesure où – vous le soulignez – il s’agit d’une des quatre ambassades de France de style Art Déco dans le monde, et probablement l’une des plus belles.

Si vous devriez proposer une destination à un Serbe qui n’a jamais visité la France, que recommanderiez-vous ?

Il est difficile de répondre à cette question ! Je dirais que cela dépends de ses goûts et de ce qu’il recherche. Je dirais que pour découvrir le patrimoine français, Paris serait une excellente entrée en matière. Pour la gastronomie, un vignoble bordelais ou bourguignon ou encore la ville de Lyon. Pour la nature, je suggèrerais la côte atlantique ou les montagnes des Alpes. A titre plus personnel, je proposerai bien sûr la Corse, qui associe la beauté de la mer et de la montagne, la qualité de la gastronomie et un patrimoine historique de premier ordre.

Après plusieurs années de pause, la nouvelle édition du Festival du cinéma français aura lieu fin mai à Belgrade. En tant en tant que  cinéphile, êtes-vous content de ces nouvelles ?

Absolument – je me réjouis que ce festival reprenne, car il s’agit d’une excellente manière de faire découvrir au public serbe le cinéma français. Le 7ème art est quelque chose qui se partage et quoi de mieux qu’un tel festival pour cela ? J’espère que cette nouvelle édition rencontrera un franc succès et apportera toute satisfaction au public serbe.

Texte: Nenad Blagojević (diffusion autorisée à condition de partager le lien vers le site www.bienvenueenserbie.rs); Photographies: Tijana Janković- Jevrić;

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