Le jour de l’ouverture du bâtiment magnifique de l’Ambassade de France en Serbie, en décembre 1935, il y avait du vent et de la pluie à Belgrade. Le sol gelait à cause du froid, ce qui posait problème aux invitées à chaussures aux talons. Les Belgradoises connues glissaient sur le sol en marbre de Venčač et tenaient la main de leurs compagnes.
Les élites de la capitale yougoslave étaient venues à la fête, notamment le régent Pavle Karađorđević et la princesse Olga, accompagnés de Milan Stojadinović et tous les ministres.
Le président de la France de l’époque a organisé une fête pour 800 invités. Suite à ce cocktail, les Belgradois n’arrêtaient de commenter qui était venu et qui était absent ou qui avait reçu une invitation. C’était une affaire prestigieuse d’obtenir l’invitation pour le 21 décembre.
Avant d’entrer dans le bâtiment situé Rue Pariska (Rue de Paris), on voit un médaillon représentant Marianne, symbole de la République française. Elle est accompagnée de plusieurs initiaux RF, gravés sur les portes et les poignées.
L’Ambassade a été construite dans la période de 1929 à 1933. À l’époque, la France ne construisait pas de grands bâtiments à l’étranger, mais louait ou restaurait des locaux existants.
Selon Maja Radović, guide touristique, ce n’est qu’au Canada et en Turquie qu’on a construit un nouveau bâtiment pour l’Ambassade de France avant Belgrade.
Sur la parcelle initialement prévue pour l’Institut bactériologique, on a fait ériger l’Ambassade, les Français ayant acheté la propriété. Les histoires qui affirment que la parcelle était offerte ne sont pas conformes à la réalité.
Le jardin derrière le bâtiment a été ajouté plus tard par l’acquisition de la propriété appartenant à l’Église orthodoxe serbe.
Roger-Henri Expert, Architecte en chef du Gouvernement, responsable des palais nationaux et édifices civiles, a eu la tâche d’ériger l’Ambassade de Belgrade. Il s’est occupé également d’une église à Metz, de l’hôtel-de-ville de Reims et de l’intérieur de l’Ambassade de France à Londres.
Nous montons l’escalier qui mène à la salle d’accueil. Nous observons la grande tapisserie nommée Paris qui, comme les autres tapisseries que nous remarquons, a été faite dans l’atelier célèbre de Gobelins, ayant une tradition de plus de 400 ans.
Le mobilier entier a été créé sur commande pour l’Ambassade, mais pendant la Seconde guerre mondiale, certaines pièces ont disparu ou ont été transportées en France. Après la guerre, cela a été remplacé par de nouvelles pièces. Maja nous révèle que le tapis sous nos pieds a été fait pour l’Ambassade en 1946.
Les médaillons symbolisent les cinq fleuves en France : la Garonne, le Rhin, le Rhône, la Seine et la Loire, avec des motifs de Notre-Dame, d’un château et d’un pont. Le Rhin et le Rhône sont représentés par deux jeunes hommes qui communiquent au royaume de Yougoslavie un message : tout comme la Mer Méditerranéenne et la Mer du Nord se rejoignent, la Yougoslavie devrait investir dans la création des liens entre le Danube et la Mer Adriatique et relier les anciens territoires autrichiens avec le nouveau pays.
En observant le plafond, nous remarquons un lustre suspendu à neuf mètres du haut. Nous apprenons qu’il peut être baissé grâce à un mécanisme qui permet de changer les ampoules facilement. Cet aspect pratique vient du modernisme, style dominant du bâtiment.
Nous arrivons à la petite salle à manger prévue pour les déjeuners de travail. Les repas sont transportés de la cuisine de sous-sol par un ascenseur. Les consoles sont en chêne de Slovénie. Il y a une lithographie de Picasso sur le mur. Certains prétendent que c’est l’artiste lui-même qui l’a apportée et offerte à l’Ambassade et qu’à l’époque, un cocktail bleu a été organisé pour célébrer sa période bleue. Les dames étaient censées apporter des vêtements bleus, on servait des cocktails bleus.
Dans la grande salle à manger, on organise des dîners. C’est lors de ces dîners qu’on sort les services faits sur mesure à Sèvres, ce qui est inscrit sur chaque assiette. Les couverts sont ornés des initiaux RF. La plupart des chaises ont été restaurées par un artisan français qui s’est rappelé que c’était lui qui les avait faites dans sa jeunesse.
Nous entrons dans le jardin, où des touristes prennent des photos, la Cathédrale Saint-Michel au fond. Ils demandent également qui utilise la piscine le plus souvent.
C’est dans ce jardin qu’on organise de grandes fêtes, dont le 14 juillet.
Texte et photographies: Nenad Blagojević www.bienvenueenserbie.rs (diffusion autorisée à condition de partager le lien vers le site www.bienvenueenserbie.rs); Traduit du serbe par Jovana Milovanović;