En me promenant dans le campement des chevaliers, autour des tentes dans lesquelles ont séjourné pendant trois jours les amoureux du Moyen âge venant du Danemark, de Suède, France, Bulgarie, Roumanie et Arménie, j’ai entendu un chevalier serbe dire à ses confrères:
« Vous savez, les filles d’aujourd’hui désirent un copain travailleur, honnête et fidèle, qui viendrait les emporter sur son cheval blanc. C’est souvent en armure parfaitement blanche, dans des chaussures cirées et avec une belle coiffure qu’on le représente dans les films, tandis qu’en réalité le chevalier porte la barbe longue, n’a guère le temps de se laver, n’est pas soigné comme les personnages qu’on voit à la télé et porte des chaussettes en laine au lieu des chaussettes en coton. Même là, en août, à 35 degrés. », a-t-il expliqué prudemment en cassant le charme à deux filles, arrivées de Belgrade à Despotovac (commune dans l’est de la Serbie) pour prendre des photos avec les garçons en costumes métalliques.
Le regret des temps passés, de l’époque d’il y a 500 ans où l’on vivait et se nourrissait différemment, où un autre système de valeurs était valable, a captivé les visiteurs du festival.
Poussés par le romantique ou l’imaginaire, la plupart d’entre eux voulait, en venant au festival de la chevalerie Just out, fuir la vie pressée et se confondre avec la nature. Ils sont venus sur la colline près du monastère de despote Stefan Lazarević pour profiter du respect mutuel, de la sincérité et de la révérence qui caractérisaient les grands chevaliers.
Ce n’est pas seulement le prix modique de 499 dinars (environ 4€), mais aussi le goût de l’aventure qui ont motivé des familles serbes et des familles des pays voisins à venir avec leurs enfants et apporter les tentes et les sacs de couchage pour faire du camping dans le pré le weekend avant la fête importante de la Dormition.
Les touristes ont eu l’occasion de s’essayer au tir à l’arc, regarder les combats en direct, pratiquer l’équitation, jouer aux jeux de société médiévaux, mettre des pièces d’armure pour faire des selfies.
Les drapeaux des invités de 19 pays flottaient au-dessus des tentes. Les Turcs vendaient la mercerie pour les costumes traditionnels, les Français ont fait du feu et ont préparé une spécialité bretonne, et les Roumains ont joué un mini-concert dans le pré.
Il y avait une dame qui peignait des icônes, une autre avec qui les visiteurs se photographiaient, et Sara de Slovénie présentait ses produits de soin.
Un forgeron serbe expliquait comment on fabriquait des arcs et des flèches, mais aussi comment il avait forgé une épée pour le président serbe, qui a ouvert le festival.
Le jeu du tir des œufs cuits a suscité beaucoup d’intérêt, en particulier chez les enfants. Cela leur semblait facile au début, mais un peu moins quand ils devaient prendre dans les mains des boules et porter un coup aux œufs.
Les touristes descendaient la rivière Resava en canoë et ramaient avec habileté.
La nourriture n’était pas médiévale (hamburgers et choucroute), mais, comme avant dans des forteresses médiévales, on a fait cuire un bœuf entier à la broche que les quelques 400 participants ont mangé dans moins de deux heures.
Le dernier soir, une dizaine de milliers de visiteurs ont regardé les combats dangereux, au cours desquels il y avait des blessés.
La Serbie a été défaite par la France, et l’alliance balkanique par les pays européens.
Cette année aussi les Français ont été les plus nombreux, une quarantaine, venus en car de Paris. Ils m’ont dit qu’ils ne ratent pas ce festival.
« Notre équipe est composée de plusieurs associations et groupes de France. Je suis un chevalier breton et je me bats pour cette région. J’ai déjà été à Barcelone et au Danemark, et c’est ma première fois en Serbie. Nous avons adoré les lieux sauvages et ce monastère magnifique avec fortifications de 15e siècle. », m’a raconté Johnathane Shannon (26) de Nantes.
Au crépuscule, les participants se sont réunis autour du feu et chantaient. J’ai entendu dire qu’une chanson a été consacrée au monastère l’année dernière.
Même si certains touristes se sont plaints de l’absence de l’éclairage après 20 heures, les fans des chevaliers n’ont pas réagi.
Car, une fois la nuit tombée, seul le clair de lune pouvait éclairer le campement des chevaliers, comme au Moyen âge, et non pas la lumière des téléphones portables.
Texte et photographies: Nenad Blagojević (diffusion autorisée à condition de partager le lien vers le site www.bienvenueenserbie.rs; Traduit du serbe par Igor Ilić;